THE EVIL WITHIN 2 : LA SCIENCE DES CAUCHEMARS MOINS SURRÉALISTE QUE SON AÎNÉE, CETTE SUITE SE FAIT AUSSI PLUS ACCESSIBLE. DÉVELOPPEUR Tango Gameworks PLATEFORMES PS4, Xbox One et PC PRIX 70 € De quoi étaient faits vos derniers rêves ? Et vos derniers cauchemars ? De couloirs aux parois suintantes, pleines de nervures et veines tressautantes,donnant sur un dortoir rempli de corps imbéciles endormis, recroquevillés, leur crâne mou, élastique, presque fluide, s’écoulant sur un plancher geignant ? De dédales blancs, cliniques, qui débouchent sur votre aimé(e), nu(e), inanimé(e), pendant au bout de tubes en caoutchouc couleur chair, un clavier qu’un cafard géant manipule de ses mandibules plantées dans son crâne ? Rien, ou si peu, fait sens dans un rêve, dans un cauchemar, ce ne sont que des fragments de réel réinterprété, des idées fugaces, mélangées, réassemblées par un inconscient en roue libre, sans limites. Les équipes de Silent Hill l’avaient compris, Shinji Mikami aussi. D’ailleurs, The Evil Within, tout comme Resident Evil 4 à sa manière étaient construits sur cette base, par fragments de terreur, par séquences apposées les unes aux autres : boucles infernales de courses poursuites die & retry, passages d’infiltration par cœur des lieux plus ouverts généralement emplis de menaces, et d’autres à protéger de hordes d’adversaires. Oui, The Evil Within se faisait descendant, héritier horrifique de la technique du cutup de la Beat Génération-mots coupés dans des journaux, collés sous influence. Pas de but, pas d’objectif fixé, si ce n’est survivre, quelques secondes, quelques minutes de plus, jusqu’au bout du niveau, jusqu’au bout de la ligne. Pas de pause, aucune possibilité de respiration, The Evil Within était de l’essence même des cauchemars, un roller coaster exigeant, mortel et incompréhensible, presque surréaliste. La Mikami’s touch. ____________________________________________________________ CE QUE EVIL WITHIN 2 GAGNE EN CLARTÉ DE MESSAGE, EN OBJECTIFS PRÉCIS, EN ÉQUILIBRE, IL LE PERD EN ABSTRACTION HORRIFIQUE. ____________________________________________________________ S’il n’est pas avare en scènes étranges, dingues, en séquences lynchiennes pleines de pertes de repères, The Evil Within 2 introduit cependant une routine, ce monde ouvert, ces caches où l’on retrouve les membres souvent loquaces d’une équipe de sauvetage disparue. On y refait aussi le plein, avant de repartir à la découverte d’Union, cette ville qui terre loot et secrets à dévoiler. Loin de desservir le propos de la désormais série (The Evil Within 2 fout toujours le pétoches !), cette approche désamorce certains effets du premier volet, tout en approfondissant la narration. Alors que Shinji Mikami misait sur l’action sans temps mort, quitte à oublier son scénario, quitte à tendre vers l’abstraction horrifique, John Johanas, son remplaçant, lui, fait cohabiter les intentions du premier volet et cette structure plus ouverte, plus, disons-le, occidentale. Chez Mikami, Castellanos n'était qu'un pion qui court, qu'un avatar qui flingue, s'infiltre et trépasse, qu'une représentation du joueur, à la fois véhicule et outil. Ici, c’est un père, un mari qui se souvient, tente de sauver sa fille de sa prison intérieure. Ce que le jeu gagne en clarté de message, en objectifs précis, il le perd en étrangeté. Alors, oui, dans les faits, The Evil Within 2 est un meilleur titre que son aîné, une suite plus maîtrisée, plus belle, qui sait où elle va, ce qu’elle dit et l’énonce clairement au joueur. Mais ce n’est plus ce cauchemar obsédant de chairs martyrisées, ce n’est plus ce train fantôme imprévisible dont on devine les fêlures au moindre coup d’œil, ce n’est plus cette virée dans l’horreur et le fantastique purs, sans justification aucune. En lieu et place de cet objet étrange, porte grande ouverte vers les neuf cercles de l’enfer, il y a un jeu contemporain, toujours un peu rigide (c'est la loi du genre !), mais plus équilibré, plus facile d'accès, mieux expliqué. Du coup, enfin en accord avec le public actuel. Au fait, de quoi étaient composés vos derniers rêves, vos derniers cauchemars ? LE PITCH Dans la peau de l’ex-inspecteur Castellanos, enquêtez dans l’esprit de votre fille pour la ramener dans le monde réel: artisanat, infiltration et fusillades (avec balles limitées) seront de la partie.